Histoires de soi

Espaces de psychothérapie
et d’enseignement Roulin

Nous sommes deux psychologues-psychothérapeutes FSP reconnus au niveau fédéral, membres de la Fédération Suisse des Psychologues (FSP) et de l’Association Fribourgeoise des Psychologues (AFP). Après avoir travaillé à Lausanne pendant plusieurs années, nous nous rapprochons de notre lieu de vie et notre lieu d’origine en Gruyère. Dans cette aventure en tant que nouveaux indépendants, nous avons décidé de proposer une nouvelle forme de thérapie en marchant, dans la nature, ainsi qu’un espace d’enseignement et d’échanges sur différentes thématiques, tant liées à la psychologie qu’à des sujets d’actualité. Nous proposons également nos compétences dans la thérapie individuelle, de couple, de famille et la sexologie. Vous trouverez toutes les informations complémentaires et pratiques pour la prise de rendez-vous dans les rubriques ci-dessous.

Dr Sacha Roulin

Psychologue-Psychothérapeute FSP
Thérapies individuelles et de couple
Conseiller conjugal et Sexologue
Ancien chargé de cours – UNIL

«Psychothérapeute d’orientation psychanalytique, ma curiosité pour l’être humain m’a amené vers des études de psychologie puis vers une pratique de la psychothérapie ainsi que vers l’enseignement d’adultes, à l’Université et au Gymnase (Collège). J’aime aider les gens à faire des liens entre les différents moments de leur histoire, à retrouver un sens cohérent à leur existence. En tant qu’enseignant, j’aime établir des ponts entre les disciplines, en particulier la philosophie, la littérature, la psychologie et l’actualité au sens large. Dans les espaces d’Histoires de soi, je voudrais éclairer les démarches par lesquelles tout un chacun peut s’impliquer dans une quête de sens et de connaissance».

1991–1994

Apprentissage d’employé de commerce chez Landi, Cossonay. Obtention du CFC.

2002–2006

Certificat de philosophie à la Faculté des Lettres de l’UNIL.
Licence en psychologie à l’UNIL, en psychologie du développement et psychologie de la santé.

2006–2008

Certificate of advanced studies (CAS) à l’UNIL, en psychanalyse et psychopathologie clinique.

2008–2010

Certificat de formation continue (CAS) en sexoanalyse.

2010–2012

Diploma of advanced studies (DAS) à l’UNIL, en psychanalyse et psychopathologie clinique.

2015

Obtention du titre de psychologue spécialiste en psychothérapie FSP.

2016

Obtention du titre de Docteur en psychologie de l’UNIL, avec mention du jury.

En tant que psychologue je me suis formé à l’Université de Lausanne, puis j’ai effectué un stage à Profa à Lausanne au service de consultations de couple et de sexologie. J’y suis resté 4 ans et je me suis formé à la thérapie de couple et à la sexologie. Très rapidement je me suis orienté vers la psychanalyse avec un intérêt marqué pour l’approche systémique également. Ensuite je suis allé travailler en psychiatrie au Centre des Toises à Lausanne durant 4 ans où j’ai pu développer mes compétences auprès de patients, de souffrances et de pathologies très diverses. Je revendique encore aujourd’hui mon statut de généraliste. Puis j’ai travaillé 4 ans dans un cabinet privé en collaboration avec un psychiatre. Je me réjouis de travailler dans un nouvel environnement où je pourrais, avec mes différentes compétences de thérapeute ainsi que mon expérience des sports d’endurance, développer de nouvelles formes de thérapie, en particulier la thérapie par la marche dans la nature.

En tant qu’enseignant je n’ai pas de parcours ni de formation standard. J’ai effectué une formation pédagogique à l’Université de Lausanne et quelques années après avoir été étudiant au gymnase du soir, j’y ai enseigné la littérature française pendant 5 ans. Passionné de Molière, Balzac, Sartre, Flaubert et Ramuz, j’ai eu le privilège de me rapprocher de ces auteurs avec mes étudiants. J’ai également enseigné durant 4 ans au niveau Master à l’Université de Lausanne dans un séminaire de psychophysiologie au sein duquel des liens entre la physiologie, la psychologie et la psychanalyse ont allégrement et ludiquement été tentés. Mon certificat en philosophie de la Faculté des Lettres me donne également un ensemble d’éclairages conceptuels sur les fonctionnements du vivant. Mon travail de doctorat sur le développement de la conscience de soi chez les enfants termine de révéler mon écléctisme et ma curiosité pour l’ensemble des dimensions du vivant, de l’être humain. Je me réjouis de transmettre et surtout de partager mon savoir, certes, mais avant tout mon regard sur les différentes thématiques que je mettrai en discussion.

Marie-Laure Roulin (-Clémençon)

Psychologue-Psychothérapeute FSP
Thérapies individuelles,
de couple et de famille
Superviseuse reconnue FSP

«Psychothérapeute d’orientation systémique, j’intègre les dimensions familiales et transgénérationnelles dans mes thérapies. J’accorde une importance particulière au sens que l’on donne à son histoire et à ce qui fait crise, afin de retrouver un sentiment de continuité, un équilibre et un bien-être, et ainsi gagner en liberté. Après plusieurs années de travail au sein de diverses institutions et lieux de consultation, je désire poursuivre l’accompagnement des gens en quête de sens, dans les espaces d’Histoires de soi. Je propose également des supervisions pour les professionnels dans le cadre de leur propre pratique».

1999–2003

Licence en psychologie à l’Université de Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation.

2003–2005

Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en psychosociologie clinique à l’UNIL, Faculté des sciences sociales et politiques.

2009–2012

Formation à l’intervention et à la thérapie d’orientation systémique au Centre de recherches familiales et systémiques (CERFASY), Neuchâtel.

2013

Obtention du Titre de Psychologue spécialiste en psychothérapie FSP.

Psychothérapie

En quête de soi

La psychothérapie offre un moyen de trouver ou de retrouver un sens lorsqu’un événement difficile survient, lorsqu’une transition de vie remet notre identité en question. La psychothérapie est cet espace préservé et ce temps pour soi qui permet de se reconnecter à ses projets et à son histoire, à ses émotions et à son corps. Forts d’une pratique de la psychothérapie de plus de 12 ans, nous nous attachons à accompagner les personnes en souffrance dans le rétablissement d’un équilibre psychique, physique et relationnel. Nous intégrons les approches systémique et psychanalytique dans des traitements individuels, de couple, de famille – également parent-enfant ou fratrie. Dans les cas de difficultés d’ordre sexuel, nous pouvons conseiller des individus ou des couples. Enfin, nous proposons également nos compétences dans le cadre de supervisions pour les professionnels de la santé.

Sur rendez-vous, du lundi au vendredi, par e-mail ou téléphone.

Dr Sacha Roulin
+41 (0)77 522 64 23
sacha.roulin@histoires-de-soi.ch

Marie-Laure Roulin (-Clémençon)
+41 (0)77 524 06 45
marielaure.roulin@histoires-de-soi.ch

Séance de 50’ individuelle
CHF 150.–

Séance de 60’ pour couple
CHF 180.–

Séance de 60’ pour couple ou famille, avec 2 thérapeutes (co-thérapie)
CHF 250.– (125.– par thérapeute)

Heure de supervision
CHF 150.–

La première séance est à régler en liquide. Les séances suivantes sont payables comptant ou sur facture payable à 30 jours. Un décompte vous est envoyé à la fin de chaque mois comme justificatif pour le remboursement par l’assurance.

Les séances de psychothérapie sont remboursées par les assurances complémentaires. Pour connaître les conditions de remboursement de votre assurance, vous pouvez consulter le document suivant, édité par la Fédération Suisse des Psychologues, ou vous adresser directement à votre assurance.
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INFORMATION
«Le remboursement de la psychothérapie effectuée par des psychologues par l’assurance de base (Lamal) a été voté par le Parlement fédéral et prend effet au 1er juillet 2022. Nous sommes dans une période de transition et nous attendons encore notamment la fixation du tarif des séances au niveau national. Durant cette période nous fonctionnons comme jusqu’à maintenant: les séances sont dues en principe au comptant (cash ou Twint) pour chaque séance. Le remboursement peut se faire sans délai par l’assurance complémentaire ou par la suite, par votre assurance de base. Cela dit, en cas de difficultés à payer les séances nous vous prions de nous en parler lors du premier contact ou lors d’une séance avec votre thérapeute. L’équipe d’Histoires de soi.»

Thérapie dans la nature

Sens et mouvement

Histoires de soi, c’est aussi un chemin vers soi, un ancrage dans le corps et par le mouvement. Dans le mouvement, l’effort intense parfois, le corps éclaire le sens de cette action, un sens qui est propre à la personne qui agit, sa signature cachée peut-être. Curieux d’élargir notre pratique à l’environnement et non plus seulement au cabinet, nous allons développer une approche thérapeutique par le mouvement, la marche, et la découverte de soi dans la nature (et inversement).

Amoureux de la campagne gruérienne, nous sommes convaincus qu’en cheminant sur des sentiers adaptés, dans une relation thérapeutique et bienveillante, nous pourrons aider à libérer la parole et les émotions.

Enseignement

Mémoires et transmission

C’est un désir de transmettre, de partager et d’apprendre qui est à l’origine de cet espace d’enseignement. Transmettre l’esprit d’analyse et de «curiosité hardie» – au sens d’une approche plus primesautière et non académique des questions posées. Non académique parce qu’en dehors de l’ultra-spécialisation. Une approche sérieuse, rigoureuse et libre, du savoir et de la culture au sens large.

Cet espace convivial et dédié à l’enseignement est ouvert à tous publics ou à des professionnels de la santé selon les thématiques proposées sous les différents onglets ci-dessous. Le nombre de places est limité. L’annulation peut se faire au plus tard sept jours avant la séance. Nous nous réservons le droit d’annuler ou de reporter une séance en fonction du nombre d’inscrits.

Modules

Les Cours de Psycho

Les cours de psychologie ont lieu le mercredi de 19h00 à 20h30, selon le calendrier. Les séances pourraient donner lieu à une publication selon l’intérêt et la motivation du groupe. La bibliographie vous sera communiquée suite à votre inscription.

Thématique

Bientôt disponible

Calendrier

Bientôt disponible

Tarif

CHF 200.– pour l’ensemble du semestre (6 séances) et par personne. Dus en début de 1ère séance.

Inscription

En ligne sur www.histoires-de-soi.ch ou par e-mail à contact@histoires-de-soi.ch. Limite d’inscription deux semaines avant le début des cours.

Les Cafés Psycho-Philo

Les cours de psychologie ont lieu le mercredi de 19h à 20h30, selon calendrier. Le programme de chaque séance est discuté au fur et à mesure des rencontres. L’ensemble des séances comporte un fil rouge mais elles ont également leur cohérence propre, ainsi chacun peut choisir de s’inscrire pour l’ensemble du semestre ou pour une ou plusieurs séances.

Thématique

Bientôt disponible

Calendrier

Bientôt disponible

Tarif

CHF 20.– par séance et par personne ou CHF 100.– pour le semestre complet et par personne. Dus en début de 1ère séance. Rabais pour étudiant de 50%

Inscription

En ligne sur www.histoires-de-soi.ch ou par e-mail à contact@histoires-de-soi.ch. Limite d’inscription deux semaines avant le début des séances.

Notre cabinet propose des supervisions en groupe ou individuelle autour de situations cliniques complexes ou qui posent des difficultés aux soignants. Ces temps représentent une possibilité d’avoir un regard extérieur, une expertise ainsi qu’un soutien. Ces supervisions sont reconnues par la FSP et par la FMH.

+ d’informations ici

Psychologies en mouvement

Éclairages sur la psychologie

Les histoires de soi sont les mises en récit de notre vie et sont au fondement de notre psychisme et de notre self, de notre identité. C’est par la narration d’histoires qu’on se définit, qu’on s’invente, avec l’aide du miroir que l’autre représente.

Magazines

Autres articles

Face à soi-même
Nous sommes face à nous-même en cette période de confinement, de ralentissement, de suspension. Face au temps dilaté, face à l’espace restreint, face à nos choix sans agendas surchargés, face à la solitude, face à l’incertitude. Face à notre propre reflet dans le miroir, finalement. Parmi mes sujets de réflexion et de recherche figurent les mécanismes impliqués dans le sentiment d’être soi, le même, au fil du temps, ce que j’appelle (avec d’autres) le self. Avoir conscience d’être soi, malgré les changements inhérents au temps qui passe, malgré nos contradictions et nos paradoxes. Cette période me semble propice à cet état de conscience de soi au fil du temps et des changements. Après les deux premiers chapitres dans lesquels on a vu un Ranger de l’espace s’interroger sur sa mission terrestre en période de Covid-19, ainsi que sur l’être humain; puis un questionnement sur les conséquences psychologiques du confinement, je poursuis mes aventures réflexives. Il s’agit ici plutôt d’une suite du 2ème chapitre qui traite des conséquences du confinement, mais centrée sur le face à face avec soi. Nous vivons un temps de confinement qui nous confronte, un peu à la manière d’une séance de psychothérapie, à notre propre reflet dans le miroir.

Qui sommes-nous sans toutes ces activités qui habillent notre quotidien et notre esprit? Pour une fois, nous partageons tous (ou presque, pensons à celles et ceux qui continuent à travailler comme avant) les mêmes conditions de vie: 1. Un virus qui nous menace, nous et nos proches, 2. Des consignes fédérales et cantonales qui déterminent nos relations sociales et nos activités en général, 3. Un fort ralentissement des activités, tant professionnelles que de loisirs, 4. Un confinement entre 4 murs, pratiquement 24h/24h (hormis les si bienfaisants jardins ou terrasses), comme je le développais dans mon précédent texte, 5. Un sentiment de flottement et d’incertitude sur l’avenir proche, pour les étudiants, pour les vacanciers, pour les entrepreneurs, pour tout le monde. En mai, en juin? On ne sait pas quand ça va repartir, nous nous imaginons même un été sans Paléo, comble du dérèglement pour un Suisse romand. Nous sommes face à nous, face à l’incertitude.

Éclairages subjectifs
En préambule, je tiens à préciser que ce sont des réflexions personnelles, des propositions d’interprétations de cette situation extraordinaire. Nullement une explication de ce qui se passe pour tout le monde, depuis mon fauteuil, urbi et orbi. J’amène un éclairage que vous pouvez vous approprier ou non, et surtout qui peut alimenter vos propres éclairages, ou non. Nous sommes des êtres de sens, il n’y a pas que les psychologues qui pensent à ce qui (leur) arrive. Ce sont des textes subjectifs, j’espère qu’ils seront reçus comme tels, et non pas comme une leçon de la part de celui qui saurait mieux que les autres ce qui se passe. Mon expérience clinique et théorique me permet d’éclairer certaines choses du vécu psychique d’un individu et d’un groupe d’individus. Et me permet de tenter de mettre en perspective le vécu tel que je le perçois chez moi, chez mes patients (en conservant l’entière confidentialité) et dans les différents témoignages et analyses que je recueille dans la presse ou ailleurs. Ni plus, ni moins. Je suis curieux d’avoir vos retours si mes propos vous ont fait réagir, en bien, comme en moins bien.

Le collectif et l’individuel
Il n’y a rien de plus collectif qu’une pandémie, par définition. Et pourtant, le confinement nous plonge, paradoxalement, dans la solitude, l’autre étant un vecteur potentiel du virus. Bien entendu que le confinement n’est pas univoque, qu’il n’est pas vécu de la même manière par chacun, en cette période de messages plus ou moins clairs des autorités helvétiques, ainsi que des employeurs: beaucoup se déplacent pour travailler, plus ou moins comme avant, d’autres sont confinés… à plusieurs, ce qui relativise la notion de solitude (qui devient alors plutôt un idéal désiré?). Cela dit, dans cette suspension des activités normales, une bonne partie d’entre nous, nous retrouvons face à nous-même comme jamais auparavant. En effet, bien que le travail continue pour la plupart, même à la maison, les activités sociales de rencontres plus ou moins spontanées, ainsi que les activités de loisirs, de sport, et j’en passe, sont fortement réduites.

Évidemment que la plupart d’entre nous sortons quelques minutes par jour pour nous balader, en respectant les consignes de sécurité. Mais dans l’évitement de l’autre et dans une atmosphère pesante. Une vendeuse me confiait l’autre jour, «vivement que ça passe, ça prend là (en désignant sa gorge)», on s’est tenus à distance, on n’a pas devisé comme à l’accoutumée, mais on s’est souri en sachant (je le crois) qu’on partageait la même condition et le même espoir que tout cela prenne fin très vite. Regards en coin, sourires entendus et fugaces, signes de la main, la distance à l’autre n’avait jamais été aussi radicale. Imposée par un virus qui met la notion même de communauté à l’épreuve. Nul ne sait comment va se redéfinir le vivre ensemble après cette crise qui forcément va laisser des traces. Notre société individualiste (pas besoin de sous-titre ici je crois, même si c’est un peu péremptoire, j’en conviens) est confrontée à ce paradoxe (on aime bien les paradoxes nous autres êtres humains): d’une part la souffrance de la solitude, et d’autre part la peur de l’autre, pas franche, pas forte, mais lancinante, une peur flottante. Nous perdons le naturel dans le rapport à l’autre. Pour toujours?

En tous les cas, nous nous montrons plus que jamais soucieux de nourrir le liant social, plus que jamais au contact du manque de l’autre. Les individus que nous sommes auront pour tâche de redéfinir une nouvelle matière sociale, un nouveau tissage relationnel entre nos corps. Car cette crise laissera des traces, pas que je sois devin, mais j’entends des traces au sens fondamental: une mémoire collective de cette crise. Et comme la mémoire c’est toujours une question de passé et de futur, la nouvelle matière sociale à redéfinir commence dès maintenant.

L’habillage de l’activité ne nous couvre plus
Cette perturbation des activités courantes a pour effet de nous confronter à nous-mêmes, dénudés, comme en pause, en suspens. Avec un vécu désagréable de flottement. Ne sachant pas quand tout cela va se terminer. Habituellement, les activités du quotidien habillent notre activité mentale, lui donnent une texture. J’entends par là que les activités quotidiennes sont comme un flux temporel continu, qui nous laissent peu de temps pour penser, réfléchir. Ainsi, comme on le constate lors de nos séances, beaucoup de gens ne sont pas coutumiers de se retrouver seuls face à eux-mêmes, l’hyperactivité de nos sociétés modernes fonctionnant comme un rempart à l’intériorité, à la réflexivité: pourquoi faisons-nous ce que nous faisons? Bien entendu, la vie est orientée vers l’action, nécessaire à la marche du monde. Pourtant, à mon sens, notre société de l’hyperactivité, de la surconsommation, de la coupure entre la nature et nous (vaste sujet qui mériterait d’être défini et développé), de l’hyperconnectivité, laisse peu de place pour une juste attention à soi et à ses désirs profonds (également à définir, peut-être dans un autre texte).

La suspension des activités dont on est soudainement privés dénude notre psychisme, le laisse en rade, en manque de mouvements et d’interactions. Nous nous retrouvons dénudés parce que l’activité au sens large habille non seulement notre quotidien, mais aussi notre esprit, nous (pré-)occupe, dans le bon et le moins bon sens du terme. En ces temps de ralentissement et de confinement, l’habillage se restreint et nous nous sentons mis à nu, privés de nos oripeaux, de nos sempiternelles «J’arrête pas de courir c’est la folie.» En revanche, notre esprit est saturé d’inquiétudes et éprouvé par une certaine nausée, une sensation de houle. La nausée naît de l’incertitude et du vertige du tout est possible et rien n’est sûr, que ce soit la mort de soi ou d’un proche, ou le moment de la fin de cette crise, autant mondiale qu’à nos portes. Pour une fois, et ça me semble important à relever: le virus pourrait nous révéler une conscience globale d’appartenir vraiment au même monde. Quelles que soient nos conditions de vie ou nos origines. Mais cette prise de conscience est douloureuse et méchamment perturbatrice. Ainsi, la nausée survient quand on a perdu sa boussole et qu’on se retrouve esseulé en pleine mer, sans horizon. Et c’est bien le paradoxe si intriguant de cette crise: confrontés à la solitude, nous n’avons jamais été autant à nous préoccuper de la même chose en même temps: l’évolution d’un virus chez nous, et chez les autres. Par empathie, et parce qu’on sait que le virus ne connaît pas les frontières. La nausée naît quand le temps s’arrête, le temps extérieur (les activités de la société), et le temps intérieur (le sentiment d’être en mouvement, d’avoir un horizon de projection pour la pensée).

La temporalité dans le confinement: la conscience du temps troublée
En effet, malgré la philosophie très en vogue (et utile) du carpe diem, c’est-à-dire le développement d’une conscience accrue du moment présent, nous avons besoin de nous projeter. C’est une des fonctions de notre cerveau, d’anticiper, de faire des hypothèses sur l’avenir probable, en fonction du passé – de ce qui est mémorisé et connu (pour faire court). Ce sentiment de nausée ou, comme me le disait une patiente, ce sentiment «d’être décalée par rapport à la réalité» (lié aux pertes de repères en général et au flux temporel habituel perturbé) surviennent dans ce coup d’arrêt que représente cette crise sanitaire, et forcément aussi existentielle. Dans l’impossibilité de se projeter dans un avenir connu et rassurant. Cette période peut être propice à davantage d’introspection, à évaluer l’adéquation entre ce que l’on vit et ce que l’on veut. Il ne s’agit pas de se prendre la tête comme on l’entend souvent, mais bien de prendre des moments pour être à l’écoute de son corps, de ses mouvements internes, de ses désirs profonds. Utiliser ce flottement temporel pour se laisser bercer par les émergences de l’esprit: la rupture du flux temporel est propice à la créativité en général, mais aussi à la créativité de soi, à se redessiner un chemin pour son avenir. Tel qu’on aime à l’imaginer.

Face à soi-même et ça peut faire du bien
S’inventer en s’écoutant au fil de ce temps dilaté, suspendu, pourrait être une forme d’auto-thérapie. Je reviens sur l’ancrage dans le moment présent évoqué plus haut. Le fait de se projeter, d’anticiper ne sont pas des mouvements qui s’opposent à une conscience du moment présent. En effet, les techniques d’ancrage, de pleine conscience, de méditation ou de relaxation ont pour bénéfices, notamment, de nous connecter à nous-même dans l’instant, et ainsi de réduire ce que j’appellerai les boucles temporelles stériles. Toutes les ruminations, les pensées qui tournent en rond, qui ne mènent nulle part, les fixations. Les temps d’ancrage permettent de fluidifier la pensée en la ramenant à ce qui est important pour nous maintenant, et en se délestant de ce qui nous préoccupe dans l’avenir. Pour autant, nous ne pouvons pas nous passer de penser, d’imaginer, et d’organiser nos comportements au quotidien en fonction de la structure de notre journée telle que prévue et de nos objectifs. Ces temps singuliers que nous vivons tous pourraient nous apprendre que, bien que poussés par le quotidien à anticiper et prévoir, nous gagnons aussi à être à soi dans l’instant, à rêvasser, à imaginer, à fantasmer. Sans autre but que de se sentir vivant, autrement. Et peut-être de trouver, au détour d’émotions vécues dans ces temps d’ancrage et d’introspection, des autres facettes de soi-même. Le miroir pourrait alors nous aider à esquisser un autre visage à notre self. À notre vie. Une respiration bienvenue pour se choisir un chemin plus désirable, qui nous ressemble.

Le confinement
Voilà environ une semaine que nous sommes tous (ou presque) confinés chez nous, ne fréquentant que les gens qui partagent le même foyer que nous (pour ceux* qui ne vivent pas seuls et pour ceux qui respectent les consignes des autorités).

Quant à nous, nous avons cessé de recevoir des patients à notre cabinet mais continuons notre travail de soutien et de thérapie par vidéo-consultations. Il nous semble paradoxal, dans une situation sociale et individuelle anxiogène, de ne plus pouvoir parler à son psychothérapeute.

Il nous semble aussi essentiel de continuer notre travail de psychologue en proposant des éclairages utiles et, tout aussi important, distrayants, sur la situation actuelle. Après mon interview avec mon ami Buzz l’Éclair, je vous propose maintenant un éclairage sur les conséquences psychologiques du confinement, une autre manière de considérer mon rôle de psychologue-psychothérapeute dans cette société chamboulée. Tout change, nos activités habituelles et considérées comme allant de soi sont perturbées : faire des commissions, aller au travail, se balader, rencontrer des amis, vaquer à ses loisirs, etc.

Différentes dimensions de nos personnalités et de nos relations sont mises à l’épreuve, je vais les détailler dans plusieurs chapitres, au fil des jours, dont voici le premier. Avant de les développer, je les énumère: notre rapport à nous-mêmes et aux autres va se modifier. En outre, le fait de se retrouver seul face à soi notamment peut ne pas être bien vécu par certains, comme on nous le rapporte fréquemment en thérapie. L’être humain est un être profondément social, le téléphone et la vidéo-discussion ne sont que des palliatifs, des ersatz. Nous avons besoin de contacts, physiques, de proximité, de sentir l’autre proche de nous. Tout ce qui nous est interdit actuellement.

Un appartement, «4 murs» comme seul monde
Notre appartement, nos «4 murs» sont devenus notre monde, notre espace vital, ambiance forcément clautrophobique. Et surtout déroutante: notre foyer représentait jusque-là un passage entre deux activités. Il est maintenant le contenant de nos activités, ainsi que de nos espaces psychiques. Bien sûr, me rétorquerez-vous, nous pouvons nous évader en lisant, en regardant des fictions, c’est vrai et c’est essentiel. Mais ça ne fait pas tout : nous sommes des êtres spaciaux, les espaces sont autant des repères que des points de fuite, des portes dérobées, des ancrages successifs au fil du temps. Le confinement restreint les variations d’espaces et donc notre espace psychique. Un huis clos collectif, paradoxe qui aurait sans doute alimenté les réflexions de Sartre. Quant à Camus, son ami (et puis plus, la guerre d’Algérie étant passée par-là), aurait pu donner une suite pseudo-fictionnelle à son roman «La peste», en montrant le meilleur et le pire de l’être humain dans une situation qui fait appel à la solidarité de chacun et à notre nécessaire prise de conscience d’être relié, essentiellement et nécessairement, à l’autre. Pas le choix, pas d’excuses, pas de mauvaise foi comme on en entend ces jours: «Faut bien mourir de quelque chose, alors…». Prendre le risque d’être contaminé, c’est prendre le risque de contaminer d’autres et de saturer le système de santé. J’aime à imaginer ces deux énormes penseurs se réconciliant pour proposer des éclairages sur l’absurdité d’un danger invisible qui réduit les dimensions sociales de l’être humain et le confronte à la peur de la mort, de lui-même et de la civilisation qu’il habite. «4 murs» c’est peu, mais ça s’agrandit quand même quand on lit, quand on écrit et qu’on s’échappe dans l’espoir que tout cela se termine, bientôt. Et si je me réfère à mes cours de grec ancien, mes souvenirs s’orientent vers Aristote, qui disait que l’être humain est un être politique, au sens de social, ne pouvant pas vivre sans s’intéresser à la communauté (zôon politikon). Nous le savions. Aujourd’hui, nous l’éprouvons collectivement comme jamais auparavant. Hannah Arendt parlait de «condition humaine de pluralité.», cette suspension du fonctionnement de la communauté va à l’encontre de ce qui fait notre ADN, notre fondement identitaire.

On chancelle, on vacille, sombrerons-nous?
L’anxiété, voire l’angoisse, est palpable. Celle de fin du monde (ou d’un monde, celui que nous avons connu?), celle liée aux finances, à la perte de nos emplois, si importants dans notre définition de notre identité. L’angoisse de mort, pour soi et pour les gens qu’on aime. L’angoisse que plus rien ne soit jamais comme avant, de perdre cette légèreté dont nous n’avions pas toujours conscience, comme toutes choses avant qu’on les perde. Il faut également mentionner les difficultés que cela représente de vivre 24 heures sur 24 avec les mêmes personnes, dans des espaces plus ou moins grands, avec les tensions qui s’accumulent parce qu’elles ne peuvent pas s’égrainer et se diluer dans un quotidien où l’on part le matin et où l’on se retrouve le soir (chanceux sont ceux qui ont une maison avec un jardin…). En outre, nous sommes des êtres de routines, d’habitudes, toutes celles-ci sont bousculées, reportées, nous confrontant à une rupture de notre espace-temps, de nos repères. Et donc on chancelle, on vacille, sombrerons-nous?

Ce sont des questions identitaires que soulève le Corona virus pour chacun de nous. Des questions profondes, des peurs profondes et beaucoup d’interrogations. Nous avons besoin d’avoir un certain sentiment de contrôle sur notre vie, sur l’avenir. Or, maintenant, tout est incertain (c’est vertigineux à écrire et à réaliser). De plus, ce virus représente un ennemi invisible, impalpable. Voilà, la liste – non exhaustive – est faite. Alors me direz-vous, les psys ça ajoute aux angoisses et à la déprime. Au contraire, je nomme les choses, ça permet de les poser devant soi, de mieux savoir ce qui nous agite et nous anime ces jours. Et je vous dirai pourquoi, dans le chapitre suivant, est-ce qu’une partie de la population ne suit pas les recommandations en minimisant la situation ou en déniant les risques de ce virus. Surtout, je vais vous dire pourquoi (en toute modestie donc) il y a lieu de prendre les choses au sérieux, mais aussi de garder confiance, d’essayer de traverser cette période dans une posture opti-réaliste (optimiste et/mais réaliste).

Ce que les gouttelettes vont changer dans notre rapport à l’autre
Je fais partie des gens confiants, je ne crois pas qu’à terme cette situation va changer fondamentalement notre rapport à l’autre. Mais il faudra voir comment nous gérerons sur la durée cette peur de la contamination. Avant, on pensait que les gens nous étaient désagréables uniquement quand ils postillonnaient, quand ils ne respectaient pas notre sphère (intime, propre à chacun, donc subjective), ou quand leur odeur nous incommodait. Évidemment, aussi quand ils nous étaient antipathiques, en ce qui concerne la dimension purement psychologique.

Aujourd’hui nous avons pris davantage conscience que dans un rayon d’au moins 2 mètres, nous émettons (et donc diffusons à notre entourage) non seulement des phéromones, des odeurs, mais aussi les bien nommées gouttelettes dont on entend beaucoup parler depuis quelques temps. Ce qui était auparavant invisible et inoffensif est aujourd’hui pointé du doigt et dangereux. Nous vivons une crise de l’intersubjectivité – c‘est-à-dire ce qui se passe et s’échange entre plusieurs êtres humains. En tant que psychologues, nous utilisons le terme d’intersubjectivité pour désigner l’influence mutuelle dans une interaction, le fait qu’un échange entre plusieurs personnes soit une co-construction et non pas une addition des échanges.

Là, et maintenant, nous en avons une matérialisation qui rend les choses plus claires et palpables: l’intersubjectivité c’est le bain dans lequel nous nous retrouvons au contact de l’autre et que chacun participe à modifier en fonction de sa personnalité. Ce que je nommerai, à la lumière des événements actuels, l’intersubjectivité psycho-corporelle, constituée d’émanations de l’être-psychique par ses échanges avec l’autre à travers le langage ; et constituée également des sécrétions, des émanations de l’être-corporel. Ça a toujours existé, maintenant nous ne pouvons plus ne pas en avoir conscience. Cette méfiance actuelle de l’autre représente une menace pour l’avenir : arriverons-nous à ne pas l’enregistrer comme modification permanente de nos rapports à l’autre ? Évidemment que tout cela dépendra du temps que prendra la résolution de la crise, via la découverte d’un vaccin, vraisemblablement dans plusieurs mois. J’ai en effet de la peine à imaginer que le seul fait d’endiguer la contagion soit suffisant pour nous donner une entière confiance et retrouver ainsi le naturel qui était le nôtre dans nos activités et dans nos interactions.

Le sentiment de confiance dans l’espace entre les êtres humains est menacé, pour toujours?
Je suis confiant en la science et en la médecine, ce virus a tué, tuera des gens, mais nous en maîtriserons la virulence à travers un vaccin, bientôt. Reviendrons-nous «à la normale»? Je veux le croire. Ce qui m’amène à cette croyance est en partie de la foi en l’être humain, et en partie de la rationalité. Pas de naïveté, l’être humain est capable du pire, les vols de solutions hydro-alcooliques dans les hôpitaux suffisent à en exprimer la médiocrité. Mais il est aussi capable du meilleur, la solidarité qui se manifeste ces jours un peu partout dans le monde et surtout dans le voisinage en exprime la grandeur. Sans doute aurons-nous davantage conscience de cet « espace intersubjectif » qui peut nous contaminer. A n’en pas douter, nous aurons aussi en mémoire les bienfaits du rapprochement, pas seulement avec nos amis et notre famille, mais le rapprochement plus fondamental de et vers l’autre, gage de la survie de notre humanité. Non pas la survie économique mais, plus fondamental, la survie du lien social. Laissons-nous le temps, d’éprouver tout cela, d’avoir peur, d’avoir de la peine à réaliser. En restant ainsi comme en suspens, à l’image des gouttelettes et des aérosols, pardonnez-moi le jeu de mots, notre besoin de l’autre et la confiance que le bain issu des échanges entre nous sera davantage bénéfique que dangereux, à l’avenir. Nos «4 murs», nos espaces d’échappées, d’évasion, s’agrandiront vers le monde environnant, en retrouvant nos relations aux autres, nos espaces de mélanges sociaux. Et pourquoi pas avec un peu plus de contacts avec la nature et avec notre moi profond qu’avec nos ambitions. Mais ça ce sera le sujet d’un autre chapitre.

Dr Sacha Roulin, psychologue-psychothérapeute à Histoires de soi

*Le genre masculin n’est utilisé que pour alléger le texte

J’ai effectué un atterrissage réussi dans une drôle de région dont l’emblème est un étrange oiseau, la grue. Ils en sont très fiers bien que cet oiseau ne soit pas issu de la faune locale, étrange peuple. Petit lac bucolique, vertes prairies, beaucoup de vaches mais peu de monde. On m’a dit que ça s’appelait la Gruyère. Assez différent des studios Pixar et de la Baie de San Francisco. Mon vaisseau m’a joué des tours, il faut que je m’adapte, comme toujours. Ne jamais faillir pour venir en aide aux Terriens démunis. J’ai rencontré un psychologue qui m’a hébergé afin de faire le point sur la situation de cette planète en crise. Jolie vue sur ce qu’ils appellent la dent de Broc (je ne vois pas de gencives, mais passons). J’ai décidé de tenir un journal afin que le Quartier Général de Star Command, pour qui je suis en mission, comprenne mieux la situation de cette planète. Après avoir dû beaucoup réfléchir (les psys ne sont pas une espèce simple à comprendre) j’ai fini par déchiffrer (à peu près) ce qu’il voulait dire par crise de la distance relationnelle. Je relate ici notre entretien sous la forme d’une interview croisée.

BZ (Buzz l’Éclair) J’ai entendu parler d’un virus qui se propage à grande vitesse sur l’ensemble de la Planète, puis-je ouvrir mon casque protecteur? L’air est-il dangereux? J’ai entendu parler de distance de sécurité, est-ce que les Humains peuvent encore être ensemble?

Le psy Tout cela est complexe, il faut se tourner vers les recommandations de l’OFSP et de l’OMS. Nous sommes face à une crise sanitaire majeure et en conséquence, face à une crise de la distance relationnelle.

BZ On m’avait dit que les psys ne servaient à rien et qu’on ne comprenait pas ce qu’ils disaient, alors c’est vrai.

Le psy Cher Buzz, je comprends ta perplexité et ta contrariété, mais nous autres psychologues ne sommes pas là… pardon, nous n’avons pas pour mission de nous occuper des personnes atteintes du coronavirus ou de décider des mesures à adopter dans cette situation d’urgence sanitaire.

BZ Mais alors comment peut-tu m’aider si ce n’est avec ce bon verre de chasselas qui fait vaciller ma concentration!?

Le psy Je pense que toi et moi ne sommes pas si différents. Si si, je vois que tu doutes mais laisses-moi te dire pourquoi. Nous sommes tous les deux en mission toute l’année pour aider les gens. Toi tu le fais en «volant» à leur secours…

BZ Blague douteuse, j’ai déjà reconnu lors d’une interview après Toy Story 3, que je ne savais pas voler, mais que je savais tomber avec panache!

Le psy C’est vrai, parfois j’utilise aussi cette expression après une séance de thérapie compliquée. Revenons à la situation des Terriens confrontés au coronavirus. Tu peux ôter ton casque et respirer l’air, il n’y a pas trop de danger, nous sommes à 3 mètres l’un de l’autre. Mais nous ne pouvons pas nous serrer la main, ni nous serrer dans les bras, c’est ça qui est difficile pour nous.

BZ Oui j’ai été briefé sur votre tendance à aimer les contacts physiques, étrange pour moi. Andy, mon ancien propriétaire, avait le même problème. C’est donc à la fois une crise sanitaire et une crise du contact étroit?

Le psy C’est tout à fait ça. Nous autres avons besoin de proximité, de sentir que l’autre est là, pas seulement visuellement, mais aussi physiquement. Et pas seulement non plus par le contact direct, physique, mais aussi par la proximité physique qui est en général de moins d’un mètre quand on se sent en confiance! Je crois que nous réalisons tous à quel point le fait de se tenir à proximité de quelqu’un, en toute confiance, est important. Tout simplement. Aujourd’hui, nous percevons l’autre comme potentiel vecteur d’une maladie qui pourrait nous rendre très malade. C’est particulier. Le fait que nous ayons à faire à un ennemi invisible rend la chose encore plus complexe. C’est dans l’air. Partout et nulle part.

BZ Mais alors comment puis-je vous aider? Cette mission me semble peu adaptée pour un Ranger de l’Espace.

Le psy Je t’ai vu dans Toy Story et j’ai beaucoup aimé ton dévouement pour ta famille, envers Woody, Rex et tous les autres. Mais surtout j’ai vraiment admiré ton opiniâtreté face aux ennemis, au nom de la solidarité, quitte à te sacrifier pour le groupe.

BZ Tu me fais rougir… mais c’est vrai. C’est mon travail. Ce serait donc comme ça que je pourrais aider les Humains? En leur permettant de ne pas oublier que les autres ne sont des dangers pour soi seulement à cause de ce virus mais qu’ils restent des amis, au fond?

Le psy Oui je le pense. Tu donnes de l’espoir, l’envie de se dépasser pour rejoindre l’autre, c’est peut-être de là que vient ton nom l’Éclair. Tu éclaires les autres de ton courage et leur fait comprendre que, même quand tout paraît perdu, on peut réussir, à condition de se donner la main. Maintenant que nous ne pouvons plus le faire physiquement, il s’agit de le faire à distance, d’être là les uns pour les autres en utilisant les ondes terrestres (les sms, échanges épistolaires modernes) ou bien la force des plus vaillants pour aider les plus fragiles. La solitude, l’angoisse de tomber malade, l’atmosphère de fin du monde ne doivent pas nous faire oublier que notre vie a un sens parce que nous sommes tous reliés par la même condition, que nous sommes tous pareils au fond. Ce virus ne fait d’ailleurs pas de différence entre nous toutes et tous! Le bain environnemental dans lequel nous vivons et qui nous menace actuellement nous rappelle à quel point nous sommes tous traversés par le même souffle, le même air qui nous pénètre, et qui repart, transformé, vers quelqu’un d’autre.

BZ Tu parles beaucoup, ça aussi on me l’avait dit, mais je comprends mieux. Je suis Buzz l’Éclair et je dois aider les Humains à traverser cette période en leur disant de rester en contact les uns avec les autres, autrement, de ne pas faire de la méfiance une nouvelle manière d’être envers l’autre mais seulement envers ce dont l’autre est potentiellement porteur, le Covid-19!

Le psy Je crois que je t’ai contaminé.

BZ Oui mais là j’ai compris ton trait d’esprit, on m’avait pas dit que les psys pouvaient aimer l’humour.

Le psy J’ai toujours pensé que c’était non seulement une des meilleures manières de se faire du bien, mais encore, plus important, une des meilleures manières de porter un regard décalé sur la réalité. C’est-à-dire de ne pas confondre de prendre les choses au sérieux et d’être trop sérieux. Quand on rit c’est qu’on a réussi à voir la réalité d’une façon plus légère ensemble, qu’on a défini ensemble un nouveau regard sur la réalité. A plusieurs. L’humour n’existe pas tout seul. Il se partage et n’a de sens que parce qu’il est communicable. Même si parfois je me raconte des blagues à moi-même, mais je suis psy, ce n’est pas une référence… Tu m’as beaucoup fait rire quand tu parlais espagnol dans le 3ème volet de Toy Story. Très belle manière de montrer comment on peut ne pas se perdre soi-même en se mettant, pour quelques instants, à la place d’un autre.

BZ Merci pour tes explications, ton apéro et ton hospitalité. Je pars à l’instant accomplir ma mission. Au revoir mon ami, quand tout sera fini, je reviendrai… pour te serrer la main.

*Pour celles et ceux qui, chose improbable, ne me connaîtraient pas, je suis un Ranger de l’Espace au service de Star Command, pour aider la Galaxie dans différentes missions. J’ai notamment joué dans la quadrilogie «Toy Story» dont je tenais la vedette avec mon ami Woody. A la fin du dernier tournage je suis retourné dans l’espace pour continuer de protéger la Galaxie. De retour sur Terre depuis peu pour une mission de sauvetage suite à la propagation d’un virus nommé Covid-19.

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